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Les filles dans la vie estudiantine traditionnelle
Durant des siècles, les études étaient une activité typiquement masculine. D'ailleurs, aucune université n'admettait l'inscription de femmes. La Révolution Française ne changea rien à cela: même dans les années 1880, Maria Sklodowska fut refusée à l'Université de Varsovie sous prétexte qu'elle était une femme. C'est seulement après son arrivée en France qu'elle fut acceptée, sous le nom de Marie Curie. Dans la vie estudiantine traditionnelle, les hommes ont aussi longtemps donné le ton. À Louvain, les femmes n'étaient pas organisées. Mais depuis 1997 existe le Meisjesseniorenkonvent (MSK). Cela montre combien les différentes associations féminines sont aujourd'hui florissantes.

L'histoire lointaine

Alors qu'en France et en Allemagne, les femmes avaient depuis longtemps accès aux études supérieures, c'est seulement en 1920 que la première d'entre elles fut admise à l'Université Catholique de Louvain. Dans cette université catholique, cette admission était accompagnée de nombreuses conditions: elles ne pouvaient loger dans l'une des célèbres pédagogies, où elles étaient surveillées de près par des religieuses, devaient s'asseoir aux premiers rangs des auditoires, (où elles étaient séparées des garçons par des rangées de prêtres), ne pouvaient pas sortir après le souper. La visite des cafés, restaurants et commerce divers étaient évidemment exclue.

En 1929 fut fondé le Seniorenkonvent (SK), fédérant les associations régionales et provinciales néerlandophones. Les étudiantes n'avaient pas accès à ces associations, puisque les conditions de vie que leur imposait l'Université ne le leur permettait pas. Mais de toute manière, les étudiants ne concevaient pas à l'époque de rencontrer leurs collègues féminines dans leurs activités folkloriques. Les statuts du SK stipulent encore aujourd'hui que les femmes ne peuvent être admises au réunion (le fameux article 19 du Clubcodex). Dans les années 1930, les étudiantes participèrent à l'action de l'Assistance Sociale, mais ce fut là une notable exception. La première entrée officielle des étudiantes dans la vie estudiantine eut lieu en 1941 au sein du Katholiek Studentencorps Brussel (KSC), l'une des plus prestigieuse associations louvanistes néerlandophones. Cette entrée prit la forme de la création d'une section féminine, le Sint-Goedeleconvent, dont Olga Paternoster fut la première présidente. Il faut toutefois noter que, même au KSC, les filles n'ont jamais constitué qu'une minorité parmi les membres.

Après la deuxième guerre mondiale

En 1950 fut fondée une section féminine du Katholiek Vlaams Hoogstudentenverbond (KVHV): les Vlaamse Katholieke Meisjesstudenten (VKM) s'occupaient d'activités culturelles, sociales et sportives. Cette structure disparu vers 1960, car les femmes étaient de plus en plus largement acceptées dans la vie estudiantine commune. Elles avaient notamment accès au cercles facultaires, et l'une d'entre elles accéda même à la présidence en 1966. A la même époque, certaines des provinciales devinrent mixtes: ce fut le cas de la Limbourgeoise, de la Ouest-Flamande et de l'Est-Flamande. La question se posait de plus en plus clairement depuis les années 1950 au sein du SK et du KVHV de savoir si le folkore estudiantin devait ou non devenir mixte. Dans ce débat, les opposants de la mixité finirent par l'emporter, même si plusieurs régionales avaient accepté des filles dans leur rangs durant les années 1960 et 1970 (Moeder Mandel, Mechlinia, Meetjesland, Mijnlamp, Omnia et même la fanfare des étudiants flamands). Le KVHV lui-même était mixte depuis les années 1930. Aucune de ces associations a jamais été expulsé du SK, mais la présence de femmes dans les associations régionales disparu d'elle-même vers 1980.

Ne pas traditionnel?

Dans les années 1980, même le KSC, la Hollandia Lovaniensis et le KVHV (qui étaient mixtes de longue date) ne comptaient pratiquement plus de filles parmi leurs membres. En effet, celles-ci préféraient s'investir dans leurs cercles facultaires, où elles fournirent même plusieurs présidentes, notamment dans les cercles de sciences humaines. Il s'agit ici d'une situation typiquement louvaniste, puisqu'ailleurs, les associations portant couleurs étaient pour la plupart devenues mixtes. Mais un changement important survint au milieu des années 1980: les étudiantes commencèrent à fonder leurs propres associations traditionnelles. Les premières associations féminines à Louvain furent Aphrodite, Vader Brugse (1986-2001) et Ad libitum (1987-2001). S'y ajoutèrent encore Verboden Vrucht (1992), Vader Sjalot (1992-1995), Vader Aalsterse (1994-1997), Vader Fortuna, Vader Canard et Vader Mandel (1996). Ces associations ne jouissait d'aucune reconnaissance officielle et n'étaient pas représentées dans les structures traditionnelles. Il y avait aussi quelques associations mixtes, mais leur existence était presque toujours de durée très courte.

Diepenbeek et Bruxelles

À la fin des années 1970 et au début des années 1980, il y avait deux associations féminines à Diepenbeek: Freya et Vaccae Luci. Néanmois, elles disparaient après quelques années. Depuis 1990, trois nouvelles associations féminines sont nées (reconnues par le Diepenbeeks Hoogstudentenverbond [DHSV], la coupole locale): Reginae Noctis, Sidus Clarum Puellarum et Amicitia Aeterna. À Bruxelles (EHSAL et Vlekho), Cleopatra fut fondée en 1993 et reconnue par le KVHV de Bruxelles.

La première tentative

La première tentative de rapprochement eut lieu en 1995 à l'initiative du président du KVHV Janklaas Gillis et de la présidente de Aphrodite Nathalie Bekaert. La première réunion en vue de la fondation d'un Leuvens Meisjesseniorenkonvent (MSK) sur base des sept associations féminines existantes eut lieu le 19 janvier. Cette formule était en effet la seule possibilité, à cause de l'interdiction des femmes par les statuts du SK. Cette tentative resta sans lendemain, à cause des difficultés internes d'Aphrodite et du manque d'intérêt de la part des autres associations.

La deuxième tentative

Une deuxième tentative d'organisation de la vie estudiantine féminine eut lieu à la fin de l'année académique 1996-1997, à l'initiative de quelques étudiants masculins (entre autres Janklaas Gillis et Peter Dirix), qui trouvaient regrettable que, par manque de structures solides, de nombreuses associations féminines ne survivaient pas longtemps. Ils contactèrent alors Ruth Neirinck, présidente de Fortuna, qui prit la direction de l'entreprise. Une réunion fut organisée avec les neuf associations existantes (Vader Brugse, Aphrodite, Vader Mandel, Vader Canard, Fortuna, Verboden Vrucht, Ad Libitum, les filles de la Hollandia et du Goedeleconvent). La fondation fut dès lors un fait acquis. Sur le modèle du SK masculin, il fut créé un comité exécutif, chargé de l'organisation d'activités communes. Ruth Neirinck en fut la première présidente. Beaucoup crurent que cette nouvelle tentative seraient à nouveau vouée à l'échec l'année suivante, mais rien ne fut moins vrai. Isabelle Van Mieghem, du Verboden Vrucht, fut élue présidente du MSK et déploya une grande énergie dans son travail. Les filles recurent ainsi leur premier cantus en plein air (qui, pour l'anecdote, fut interrompu par une averse et dut être poursuivi à l'intérieur), un cantus au champagne, leur cafébazenrolling (guindaille avec les chefs des cafés des régionales) et bien d'autres choses encore... Le conseil du KVHV reconnut, le 9 novembre 1998, le MSK comme substructure et conféra à sa senior seniorum le titre de vice-présidente, à l'instar du statut dont jouit le SK.

Cependant, deux régionales brabançonnes décidèrent de commencer avec une section féminine: Noord-Brabant (11 octobre 1999) et Ons Hageland (18 octobre 1999). La section féminine de Noord-Brabant fut baptisée le Witloofconvent et ses membres reçurent la dénomination sjikonnekes. Le Witloofconvent et le KVHC Noord-Brabant constituent le nouveau Noord-Brabants Hoogstudentencorps Endivia. Vader Hageland (la section féminine d'Ons Hageland), devint une association séparée. À cause de ces occasions, la provinciale Brabançonne était mixte à demi-part. Au sein du cercle facultaire Ekonomika, une association féminine, les Femmes Fatales, existe depuis 1996. L'ancien corps estudiantin Omnia (1975-1981), fut réfondée en 1999 comme régionale féminine anversoise. Elle est candidat-membre du MSK depuis 2000. En octobre 1999, Karolien Baeyens devint la première présidente du KVHV à Louvain, après l'abdication de Tom Peeters. Elle la resta seulement pour six jours, parce qu'elle abdiqua elle-même et le comité du KVHV nomma Jochen Van Aalst comme son successeur. En 2000, Vader Artemis fut fondée, principalement par des filles anversoises. Isabelle Van Mieghem fut succédée par Marie Salokinidis (présidente de la Fortuna) en octobre 2000, après une présidence de deux ans. Après la fermeture de leur café (le Donatus) dans l'été de 2001, deux régionales féminines ouest-flamandes, Ad Libitum et Vader Brugse, disparurent. Marie Salonikidis fut succédé par Julie Leus, présidente du Vader Canard.

Peter Dirix

Le texte néerlandais contient aussi l'histoire après 2001.

Un grand merci à Julie Leus et An Christiaens pour l'information!